Avec joie, nous vous partageons cet article du journal Ouest-France suite à une belle initiative de notre Lycée Joseph Roussel... Félicitations à nos enseignantes et à tous les participants!
Reportage: au Mans, les secondes brillent par leur éloquence au lycée Joseph-Roussel
Égalité femmes – hommes, féminicide, racisme, les enfants battus, le harcèlement scolaire ou encore la médiatisation de la femme sportive. Neuf élèves de seconde, des filières bac pro Animation et bac pro Accompagnement soins et services à la personne ont fait entendre leurs voix lors du premier concours d’éloquence organisé au lycée Joseph Roussel au Mans (Sarthe).
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Claudia a remporté le premier concours d’éloquence organisé par le lycée professionnel Joseph Roussel au Mans (Sarthe). | OUEST-FRANCE |
« C’est la première fois que je vois autant de personnes pour un discours, c’est très stressant », confie Lou Anaïs, 16 ans. Elle est l’une des neuf orateurs choisis pour représenter les filières bac pro Animation et Accompagnement soins et services à la personne, lors du premier concours d’éloquence au lycée professionnel Joseph Roussel au Mans (Sarthe) mardi 1er février 2022.
Organisé par les trois enseignantes de lettres de seconde bac professionnel, ce projet est une déclinaison de la réforme des programmes de 2019 dans le cadre du nouveau chapitre de français « Dire et se faire entendre : la parole, le théâtre, l’éloquence ». « On a choisi, plutôt que de faire des discours chacun dans sa classe, de mettre en place ce projet pour que chacun puisse s’enrichir des autres et créer du lien entre les classes », explique Marguerite Blandigneres, enseignante en lettres- histoire géo.
« On a travaillé des discours anciens (Victor Hugo, abbé Pierre…) et des orateurs modernes (Greta Thunberg, Emma Watson…). L’idée est d’apprendre aux élèves à exprimer ce qu’ils pensent, à trouver des mots pour exprimer son avis ».
Harcèlement scolaire, féminicide, racisme…
Féminicide, racisme ou encore le harcèlement scolaire. Tous les participants ont choisi un sujet qui leur tenait à cœur. Lou Anais a préparé un discours sur le sujet des enfants battus. « C’est le sujet sur lequel j’étais le plus à l’aise pour parler car j’ai été à la fois victime et témoin. » Pour Félicien, 17 ans, le sujet n’a pas non plus été choisi par hasard. « J’ai quelqu’un de ma connaissance qui a été victime d’un féminicide. J’ai voulu faire un message parce que je pense qu’on est tous concernés. »
Il est 15 h 30 lorsque le concours débute. Devant un jury composé de six élèves, des trois professeures de lettres et de la cheffe d’établissement, Thomas, Esteban, Maxence, Lou Anais, Romane, Félicien, Lucile, Zoé et Claudia ont pris la parole et argumenté.
De l’émotion, de la conviction
Anaphores, procédés rhétoriques, les figures de style sont au cœur de tous les discours. À l’instar de celui d’Esteban qui a énoncé un plaidoyer sur le sujet du procès des femmes. « Au nom de toutes les femmes, j’accuse la société, parce que votre cœur est sexualisé sans votre consentement. […] J’accuse la société de vous soumettre à des critères de beauté trop scandaleux. […] ».
Des mots forts, des expressions poignantes, à l’image de la conclusion du discours de Lucile sur le harcèlement scolaire : « Je vous parle en connaissance de cause, je suis une survivante du harcèlement scolaire. » De Maxence sur le sujet de la joie de vivre et du temps : « Est-ce vous qui tuez le temps ou est-ce que c’est le temps qui vous tue ? » ou encore de Claudia, sur la problématique de la médiatisation du sport féminin : « Sifflons le hors-jeu des inégalités hommes-femmes dans le sport. »
Des engagements, de la maturité, des convictions qui ont fait mouche auprès du jury comme du public. « J’ai trouvé qu’il y avait beaucoup d’émotions, d’arguments », exprime Inès, 16 ans.
Une expérience qui a marqué les esprits
Peu avant 17 h 30, après plusieurs minutes de délibération, c’est Claudia qui est sortie en tête. « Tu as transformé l’essai», sourit Margueritte Blandigneres, enseignante en lettres-histoire géographie en lui tendant son prix : des places de spectacle et de cinéma.
« Je ne m’attendais pas à gagner, reconnaît Claudia, c’est un sujet important pour moi, je me devais d’être claire. J’ai fait du basket pendant 10 ans. On avait proposé à l’équipe masculine d’être diffusé à la télévision mais pas à notre section. »
Pour les autres, qui ont reçu des places de cinéma, l’expérience a également marqué les esprits. « C’était stressant mais c’était bien de pouvoir s’exprimer. Aujourd’hui, il y a des gens qui sont bridés sur des idées trop simples, on ne se rend pas compte de tout ce qu’on peut faire », pointe Maxence, 16 ans.
Pour Romane, 15 ans, « C’est assez stressant mais en même temps, c’est bien de pouvoir se faire entendre. Je trouve ça important de pouvoir parler pour les femmes et en tant que femme. »